Initials SG !
Quand on prend place dans un fauteuil de cinéma pour visionner le biopic d’une célèbre star, on ne s’attend pas à découvrir un conte. C’est pourtant ainsi que Joann Sfar, le réalisateur, définit son œuvre et à juste titre, puisque c’est via une fable surprenante, drôle et un soupçon déjantée qu’il nous narre la vie de Lucien Ginsburg, alias le grand et unique Serge Gainsbourg. Du petit garçon juif fuyant les nazis sous l’Occupation au jeune peintre qui s’essaye au piano dans les cabarets avant de tenter la chanson et surtout l’écriture scandaleuse, on découvre un homme affublé de son double, lui-même matérialisé par un personnage de style dessin animé surnommé « la gueule ». Double, qui pourrait se substituer à la voix, qui de l’ange, quand il lui souffle la bonne direction à prendre pour sa carrière, qui du diable, quand sur son lit d’hôpital, il le somme de reprendre la cigarette et de continuer à brûler sa vie par les deux bouts. Eric Elmosnino, incarne le chanteur avec une précision parfaite, la ressemblance physique est frappante (même si les secrets du tournage ont dévoilé 5h de grimage par jour, un faux nez et de fausses oreilles) et l’allure copiée dans ses moindre détails. De Gainsbourg à Gainsbarre, on retrouve tout ce qui a fait l’artiste mais également le pygmalion au physique peu attirant qui a pourtant su séduire les plus belles femmes de France. Brigitte Bardot, tout d’abord, incarnée par la sublimissime Laetitia Casta qui a endossé le rôle à la perfection allant jusqu’au mimétisme tant des expressions que de la voix. Mais aussi bien sûr Jane Birkin et Bambou. En un peu plus de 2h, on rentre dans les méandres de l’imagination de ce grand poète qu’était Serge Gainsbourg, on traverse sa vie, on partage ses joies, ses doutes, ses peurs et on conclut en se disant que ce film est capable de relancer la production de Gitanes sans filtre tant la place de celles-ci relève presque du rôle secondaire !